Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
MEDI'ART
Archives
12 avril 2005

Le ritualisme de Euloge Béo Aguiar

 

                    au_bout_des_bois                       Créer et réaliser un spectacle potentiellement africain mais de carrure internationale est bien la démarche qu’entreprend le metteur en scène béninois Euloge Béo Aguiar. L’originalité de ses représentations réside dans l’adhésion spontanée du public, des spectateurs à la scène. Son espace scénique est un appel franc qui met en exergue le rapport avec l’alentour pour des spectacles dites de célébration montrant tout le rapport entre le culturel et le cultuel.

                              Qu’il s’agisse de « Jonquet Rue 12 » ou de « Fâ »  ou encore de  « Au bout du bois » ( photo ci-contre)  du metteur en scène béninois Euloge Béo Aguiar, le concept est le même. S’inspirer de la richesse d’une tradition africaine encore vivante, faire jouer des comédiens dans leur propre langue, user dans certains actes de la pièce des rites africains pour permettre à chaque spectateur de repartir avec une impression, souvent celle d’avoir assisté à une représentation authentique. Selon ses propres termes  « On ne peut mieux dire ce que l’on ressent que dans sa propre langue » .Voilà des frontières déterminants qui ont amené Euloge Béo Aguiar à s’inscrire dans une forme d’exception culturelle en  empruntant le chemin de l’âme d'Afrique pour penser son  théâtre.Conséquences, le metteur en scène s’inspire des cérémonies initiatiques des régions du golfe de guinée qui ont la particularité d’être de successifs moments de transcendances . Ces cérémonies qui se déroulent souvent dans des couvents ou lieux d’initiés font usage, c’est le moment de le rappeller de l’une des fonctions premières du théâtre : Transcender le spectateur.
                              En empruntant cette voie pour créer ses spectacles et mieux en l’adoptant comme concept théâtral, Euloge Béo Aguiar retrempe l’afrique dans sa source originelle. La scène de la représentation , pareille à l’autel devient un lieu sacré .Le décor et le costume des comédiens souvent en liaison avec le sujet traité dégage une vibration. Le spectateur n’a pas besoin de comprendre nécessairement, il sent quelque chose de fort se passer . Cette impression est  frappante lors des représentations de « Jonquet Rue 12 »  ,de  « Au bout du bois » ou  de « Fâ ». Ce dernier spectacle qui met en scène  les quatre éléments du cosmos à savoir l’eau, le feu, l’air et la terre bouleverse le regard et suscite la curiosité  à cause de l'intrusion d'un cinquième élément qu’est l’amour. Et telle une cérémonie de fâ, les spectateurs n’ont pas assisté à ce qu’ils pensent être une représentation, Ils assistent à un spectacle que le fâ accepte d’offrir. Chacun repart avec plutôt une impression , un sentiment, une émotion et un état d’âme particulier. De ce spectacle, il ne peut y découler un procès de texte, de diction. Des comédiens africains ayant grandi au sein d’une société potentiellement théâtralisée et ouverte sur le monde jouent avec audace. Ils jouent dans un spectacle sur-titré en français mais dont le déroulement est une pure pensée du rituel africain rejoignant ainsi les japonais qui ont mis en scène leur cérémonie rituelle. Ces derniers dans un spectacle de gagaku ou  intitulée « Nô » exécute une pièce donnant l’impression d’un rituel  dans laquelle chaque acteurs, chaque musiciens accomplissent des gestes au cours desquels rien n’est laissé au hasard. Chaque mot, chaque cri, chaque parole est fixée. Aucune improvisation n’est permise.
Cette démarche correspond aussi à la prise de conscience de groupes africains-américains comme Barbara Anne Teer’s Harlem Theatr qui s’inscrivant dans la logique du Black Conscience se tourne vers cette forme de théâtre. Des commentaires assez sévères n’ont pas manqué de qualifier cette démarche d’absolument folklorique.Mais c’est ignorer l’histoire de la tragédie grecque.

Publicité
Commentaires
MEDI'ART
Publicité
MEDI'ART
Publicité