Hommage à Paul Hazoumê
Essayiste, romancier, chercheur, journaliste béninois, Paul Hazoumê, aura été l'un des ardents défenseurs de la reconnaissance de l' identité culturelle africaine. Ses ouvrages s'inscrivent dans une transcription des réalités de son pays, de son continent, et, constituent une contribution majeure à la connaissance de soi, de celle des autres. Le mérite de cet homme réside dans l'originalité et la qualité de ses œuvres. En faire mention traduit cette volonté de lui rendre hommage afin que la jeune génération africaine et béninoise en particulier fasse connaissance avec cet homme qui a écrit l'une des belles pages de la littérature africaine.
Homme de culture et homme politique béninois, Paul Hazoumê, fait partie de la première génération des écrivains africains d'expression française. Né le 19 Avril 1890 à Porto-Novo où il a fait ses études primaires, il meurt le 18 Avril 1980. Il aura été l'un des ardents défenseurs de la reconnaissance de l'identité culturelle africaine. "DOGUICIMI", le plus célèbre héritage qu'il a laissé aux peuples africains est une contribution majeure pour une meilleure connaissance des aspects folkloriques et traditionnels de cette partie du monde. Dans une démarche d'affirmation de soi au sein d'un complexe de cultures, ses ouvrages prennent la forme d'un résultat de recherches anthropologiques et sociologiques et suscitent encore la question de la mission de l'écrivain africain. C'est sous la direction de son mentor, le Révérand Père Aupiais qu'il aiguise son âme d'écrivain en collaborant à la revue " La Reconnaissance Africaine" dans laquelle il publie des études ethnographiques et historiques. En 1937 l' Institut Ethnographique de Paris édite son essai " Le Pacte de Sang au Dahomey" qui constitue une transcription réelle et objective des réalités socio-culturelles africaines. La qualité et le succès de l'œuvre valent à l'auteur d'être appelé à Paris, au musée de l'homme en qualité de chargé de mission . En 1938, la publication de son célèbre roman "DOGUICIMI" fait de lui un écrivain reconnu. Dans " Diversité culturelle et enseignement des littératures francophones : Perspectives critiques sur la littérature africaine" voici ce qu'en pense le Prof Josias SEMUJANGA de l' Université de Montréal : " La richesse de la documentation, et le souci d' exactitude ethnologique, ainsi que le cadre historique lui-même éloignent un peu ce récit du genre romanesque et en font dans une certaine mesure un discours du savoir historique et ethnologique. Ce texte est aussi une réussite narrative alliant les lois du roman historique à celles du conte". On reconnaîtra à l'écrivain béninois Olympe-Bhêly QUENUM le commentaire suivant " Les ouvrages de Paul Hazoumê, au-delà de leur caractère littéraire sont l'expression tangible des réalités connues et méconnues des africains".
Cet écrivain aura été de toutes les luttes sociales et politiques
pour l'affirmation non seulement de la culture noire mais aussi pour la
reconnaissance de ses spécificités. Co-fondateur de la revue " Présence
Africaine" il a également publié de nombreux articles dans le "Phare du
Dahomey" feuille anticolonialiste sans opté pour la rupture avec la
métropole. Il crée avec Louis HOUNKANRIN, premier journaliste béninois
un journal manuscrit clandestin "Le Récadaire". Sa détermination, son
engagement d' écrivain africain s'est manifesté pour contribuer à faire
connaître la culture noire et les coutumes des pays africains afin de
prouver que les "indigènes" possèdent un fond de sentiment et d' idéal
élevé. Son combat s' inscrit aujourd'hui dans ce qui peut être traduit
comme les valeurs de la diversité culturelle et de l'exception
culturelle des peuples.